Julian Alaphilippe chez Tudor, c’était l’un des transferts les plus marquants du mercato cycliste de l’intersaison. Après 11 ans chez Soudal-Quick Step, le Français a choisi la structure de Fabian Cancellara. En rejoignant la ProTeam suisse, il a accepté un projet où il bénéficierait d’un soutien total, sans être relégué dans l’ombre d’un autre leader (comme Remco Evenepoel). Avec l’arrivée de Marc Hirschi, il forme un duo prometteur pour briller sur les grands événements du calendrier. Peut-il encore ajouter une course majeure à son palmarès ?
Un palmarès exceptionnel, mais des années difficiles
Double champion du monde, vainqueur de Milan-San Remo, de la Flèche Wallonne (trois fois), de la Clasica San Sebastián, des Strade Bianche et de six étapes du Tour de France, Julian Alaphilippe possède déjà une armoire à trophées bien remplie. Pourtant, depuis son deuxième sacre mondial en 2021, il a accumulé les pépins.
En 2022, une lourde chute à Liège-Bastogne-Liège lui cause un pneumothorax, deux côtes cassées et une fracture de l’omoplate. Il n’est pas sélectionné pour le Tour de France avant de chuter à nouveau sur la Vuelta. Critiqué publiquement par son manager Patrick Lefevere pour des résultats jugés insuffisants, il peine à rebondir en 2023, une saison perturbée par des chutes et des maladies.
L’année 2024 semblait suivre le même schéma avec une double chute à l’Omloop Het Nieuwsblad et aux Strade Bianche. Pour changer d’air, il tente alors sa chance sur le Giro. Lors de la 12ᵉ étape, il s’échappe avec l’Italien Mirco Maestri et s’impose en solitaire après 126 kilomètres à l’avant, devenant le 108ᵉ coureur de l’histoire à avoir gagné une étape sur chacun des trois Grands Tours. Il termine aussi 2ᵉ de la Clasica San Sebastián (battu par son futur coéquipier Marc Hirschi) et 3ᵉ du Grand Prix de Montréal.
Un nouvel environnement pour tenter de battre les meilleurs
Loin d’être usé mentalement et physiquement, Alaphilippe a accepté le défi de Fabian Cancellara : retrouver son meilleur niveau sur les classiques, avec comme principal casse-tête la domination de Tadej Pogacar.
Son début de saison est encourageant. Lors de sa première course sous ses nouvelles couleurs, la Figueras Classic, il était proche des meilleurs. À Paris-Nice, la cinquième étape lui convenait parfaitement avec une côte finale (1,7 km à 10,2 %) aux caractéristiques proches du Mur de Huy. Il termine finalement 10ᵉ, à 20 secondes de Lenny Martinez. Ce résultat confirme qu’il est compétitif, mais semble avoir perdu sa fameuse « giclette » qui lui permettait de faire la différence.
Une victoire sur une grande classique paraît donc difficile. Il doit repenser sa stratégie. Son partage du leadership avec Marc Hirschi sur les Ardennaises pourrait être une approche payante, comme l’a montré son travail pour Michael Storer lors de la 7ᵉ étape de Paris-Nice. Désormais, il devra courir avec plus d’intelligence. En confrontation directe, il semble moins capable de battre les cadors du peloton.
Quelles chances sur Milan-San Remo et le Tour des Flandres ?
Ce samedi, sur Milan-San Remo, où il s’est imposé en 2019, il devra attaquer pour éviter un sprint massif. Cependant, Pogacar et Filippo Ganna auront sans doute la même stratégie. Deux options s’offrent à lui : suivre (si possible) les offensives dans la Cipressa et/ou le Poggio et tenter un démarrage en descente, ou profiter d’un marquage entre favoris pour s’échapper en solitaire. Le facteur réussite jouera un rôle clé.
Dans trois semaines, il prendra part au Tour des Flandres face au trio Pogacar – Van der Poel – Van Aert. Son seul scénario possible sera une course d’anticipation, en intégrant un groupe d’outsiders avant les principales difficultés.
Conclusion : peut-il encore gagner une grande course ?
Julian Alaphilippe peut encore faire parler de lui. Il gagnera probablement encore d’ici la fin de sa carrière. À ce stade, une victoire d’étape sur le Tour de France semble plus réaliste qu’un succès sur un Monument. Cependant, en 2025, il ne faudra jamais sous-estimer « Loulou ».