L’été sera chaud pour les arbitres professionnels français : alors que François Letexier et Clément Turpin ont été retenus pour la Coupe du monde des clubs, Stéphanie Frappart officiera de son côté à l’Euro féminin. Mais comment sont-ils rémunérés, et à quelle hauteur ?
Contestés, mis sous pression et critiqués, les arbitres exercent une fonction souvent bien ingrate. Les accusations de corruption lancées par Pablo Longoria à Auxerre et le tête-à-tête de Paulo Fonseca avec Benoît Millot en sont de tristes exemples récents, parmi d’autres. Il y a au moins un domaine où les arbitres obtiennent plus de reconnaissance : leur rémunération. Les salaires sont en effet en hausse depuis plusieurs années.
Une indemnité fixe, et beaucoup de variables
En 2016, une réforme est mise en œuvre pour que les arbitres puissent se consacrer à 100 % au football, avec l’objectif d’améliorer leurs performances. Résultat : les salaires ont bondi. Aujourd’hui, selon L’Equipe, un arbitre de Ligue 1 perçoit un peu moins de 160 000 euros par an, soit environ 13 300 brut par mois – donc 10 000 euros net.
Cette somme inclut l’indemnité mensuelle de préparation, versée systématiquement (7 442 euros). Viennent ensuite s’ajouter des variables selon le nombre de rencontres arbitrées : l’indemnité de match (3 470 euros à chaque fois), les indemnités journalières (200 euros par jour) ainsi que les frais annexes (déplacement, logement, repas). Le barème est en hausse puisqu’en 2022-2023, les indemnités de préparation étaient de 6 894 euros, l’indemnité de match de 3 214 euros et les indemnités journalières de 180 euros.
270 000 euros par an pour les plus hauts salaires
La différence est notable avec la Ligue 2, où l’indemnité de préparation est fixée à 2 165 euros par mois, et celle de match à 1 814 euros. En revanche, l’enveloppe se gonfle pour les arbitres qui ont l’occasion d’officier en Europe. Ceux qui disposent du statut Élite aux yeux de l’UEFA – sont éligibles à un bonus mensuel supplémentaire de 2 000 euros.
En additionnant les sommes fixes et variables, François Letexier a touché environ 270 000 euros brut en 2023-2024, pour avoir arbitré 36 matchs, selon le décompte de L’Equipe. Il a notamment bénéficié de la tarification généreuse de l’Euro – 10 000 euros rien que pour la finale. La saison précédente, Clément Turpin avait atteint 260 000 euros brut lors de la saison 2022-2023.
Les arbitres français en queue de peloton
Si ces rémunérations sont en hausse, elles restent inférieures à celles des autres grands championnats. En février, la Gazzetta dello Sport dressait justement un comparatif plaçant la Liga devant la Bundesliga, la Serie A, la Premier League et enfin la Ligue 1. Le quotidien transalpin estime que les arbitres espagnols gagnent 264 504 euros par an, pas loin du double de leurs collègues français (145 208 euros). Arbitrer un match rapporte entre 4 000 et 5 800 euros en Liga, en Bundesliga et en Serie A. La Ligue 1 se situe à 3 124 euros, nettement devant la Premier League (1 065 euros), mais le championnat anglais se rattrape largement sur la rémunération fixe.
« On a obtenu une reconnaissance complémentaire qui est encore assez nettement derrière les grands Championnats européens, pointe justement Olivier Lamarre, porte-parole du syndicat des arbitres français (SAFE), dans les colonnes de L’Equipe. En espérant que les salaires augmentent. Une partie du chemin a été faite. Mais puisqu’on ambitionne de jouer dans cette cour-là, les arbitres aussi… D’autant qu’ils sont reconnus comme parmi les meilleurs du monde. » En atteste la finale de l’Euro 2024, qui comptait cinq arbitres français, ou plus récemment la demi-finale aller de Ligue des champions entre l’Inter et Barcelone. Clément Turpin était alors au sifflet, assisté par Nicolas Danos et Benjamin Pages, tandis que Jérôme Brisard et Willy Delajod étaient en charge de la vidéo, et que François Letexier officiait comme quatrième arbitre.
